VIDEO. Brésil : “Ce n’est pas la mort de la démocratie, car les gens ont voté, c’est la mort de l’humanité”
Face à l’élection de Jair Bolsonaro au Brésil, Flavia Coelho, chanteuse brésilienne résidant en France ressent “une sensation de deuil” face à “la mort de l’humanité”. Interrogée par franceinfo lundi 29 octobre, l’artiste raconte le choc, la tristesse, mais aussi la résistance qui se met en place.franceinfo : Que ressentez-vous de l’état d’esprit actuel du Brésil depuis la France ?Flavia Coelho : J’ai une sensation de deuil. Ce n’est pas la mort de la démocratie, car les gens ont voté, ils ont choisi, mais c’est la mort de l’humanité, car cet homme a réussi à déshumaniser. Les droits pour les quotas universitaires, les minorités, tout ce qui a été gagné par la communauté LGBTQ, pouvoir s’affirmer dans la rue, exister, va s’arrêter. J’ai peur pour mes amis. J’ai peur du retour des armes. J’ai peur pour l’avenir des gens. Car une bonne partie des élites brésiliennes soutiennent Bolsonaro, il a promis de privatiser une bonne partie des entreprises brésiliennes et ces gens y sont favorables, mais ils ont oublié l’existence des minorités, des gens pauvres, ils ne pensent pas à nous.Comprenez-vous ce qui a poussé tellement de gens vers Bolsonaro ?Je crois que c’est le discours de la haine. Il est clair que les gens ont été très déçus par le Parti des travailleurs, les scandales de corruption, on ne peut pas fermer les yeux sur ça, mais c’était surtout une guerre des idées. Ils ont cassé les idées humanistes et éveillé la haine chez les gens. On a vu des gens défiler avec des armes dans la rue pour fêter la victoire de Bolsonaro, des gens normaux, anodins, qui ne pensaient pas forcément à la violence, mais il l’a réveillée en eux.Avez-vous peur de voir naître et s’opposer deux Brésil ?Deux Brésil existaient déjà avant, mais maintenant, les gens voient que ce n’est pas qu’un pays tropical idéal. Ils crient juste haut et fort ce qu’une partie de la population faisait déjà et pensait comme normal. J’essaie de combattre cela à ma façon, en essayant bien sûr de protéger ma famille, qui peut souffrir au Brésil des hostilités par rapport à certaines choses que l’on peut poster sur les réseaux sociaux.