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Libye: le maréchal Haftar fait main basse sur la conférence italienne de Palerme

A l’instar de son ancien mentor feu le Colonel Kadhafi, le maréchal Haftar a travaillé son effet de surprise. Il a laissé planer le doute jusqu’à la dernière minute sur sa venue à Palerme pour la conférence organisée par l’Italie en vue de stabiliser la situation en Libye.

Haftar refuse de s’asseoir à une table avec des islamistes 
L’homme qui contrôle la région Est du pays et ses richesses pétrolières a fini par se rendre dans la soirée du 12 novembre 2018 dans la capitale sicilienne.
 
Accueilli par le président du Conseil italien Giuseppe Conte avec lequel il aura un entretien dans la soirée, il se dérobera toutefois au dîner officiel offert par celui-ci. En raison de son refus de s’asseoir à la même table que certains participants appartenant à la mouvance islamiste qu’il combat au pays, selon les explications son entourage.
 
Côté libyen, en effet, outre Khalifa Haftar chef de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) de Cynéraïque, et Fayez al-Sarraj, le chef du gouvernement d’accord national (GNA) basé à Tripoli et internationalement reconnu, l’Italie a également convié Aguila Salah, le président du Parlement, et Khaled al-Mechri, président du Haut-conseil d’Etat, ainsi que des représentants de groupes armés proches notamment des Frères Musulmans.
 
Pour donner la dimension internationale à la conférence, Rome avait invité une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement. Au total, une trentaine de pays dont l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, le Qatar, l’Arabie Saoudite, le Maroc, la France, l’Allemagne, la Grèce ou l’Espagne ont été réunis pour l’occasion.

L’Union européenne étant représentée par le président du Conseil européen Donald Tusk et la cheffe de la diplomatie Federica Mogherini.

La Conférence de Palerme, suite ou concurrente de celle de Paris? 
Même si des rivalités sont apparues entre la France et l’Italie sur les dossiers des migrants et des intérêts pétroliers, l’objectif déclaré du gouvernement italien était de faire de la Conférence de Palerme une suite à celle de Paris en mai dernier sur la Libye.
 
«L’Italie et la communauté internationale soutiennent le travail de l’ONU. Il faut dépasser l’impasse dans laquelle le processus politique libyen est englué depuis trop longtemps», a expliqué Giuseppe Conte dans un entretien, paru le jour même de l’ouverture de la réunion, au journal La Stampa.
 
Le lendemain, le maréchal Haftar a poursuivi sa stratégie du viendra-viendra pas. Demeuré à Palerme, il a fait savoir qu’il ne participerait pas à l’unique réunion de travail prévue le 13 novembre au matin à la Villa Igea.
 
Il rencontrera néanmoins «des présidents des pays du voisinage, pour discuter des derniers développements sur le plan national et international», avait-t-il fait dire dans un communiqué par son entourage. A défaut de savoir quels chefs d’Etat voisins il allait voir, il a créé une autre surprise en s’entretenant avec le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj.
 
Une première depuis le 29 mai, lorsque le président français avait réussi à les réunir à Paris et les amener à s’engager dans un calendrier électoral, initialement prévu pour le 10 décembre 2018.
 
L’initiative de l’Italie ensablée
Plombé par neuf jours de combats entre milices rivales à la périphérie de Tripoli début septembre, «pour des rentes», selon l’expression du chef de la diplomatie française Jean Yves Le Drian, le processus politique a été officiellement reporté au printemps 2019, par l’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé.
 
Pour l’heure, les atermoiements de Khalifa Haftar, soutenu par l’Egypte et les Emirats arabes unis, lui ont permis de faire échec à l’initiative de l’Italie, l’ancienne puissance coloniale qui a toujours maintenu des liens intéressés avec Tripoli.
 
Ils le font également apparaître, en dépit d’un accident de santé en avril dernier, comme la force armée et le pivot incontournable de toute tentative de règlement du conflit libyen.
 
«Haftar a fait le difficile comme il l’a fait plusieurs fois dans le passé (…). C’est une attitude à double tranchant car elle produit un effet sensationnel qui le met en valeur sur le moment, mais les interlocuteurs qu’il humilie ainsi s’en souviennent toujours», a déclaré à l’AFP Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye à l’université Paris-VIII.
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