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L'arrêt du tabac et vous

Après avoir reculé depuis une cinquantaine d’années, les ventes de tabac repartent à la hausse depuis deux ans. Pourquoi une partie des fumeurs français choisissent-ils de s’arrêter ? Ceux qui y parviennent sont-ils motivés par leur santé ? Comment y arrivent-ils en pratique ? Afin d’en savoir plus, zoom sur une enquête réalisée par le site santé Doctissimo.fr.

Le tabac est une des substances les plus addictives qui soient : une seule cigarette fumée à l’adolescence peut mener à une dépendance souvent mortelle après plusieurs décennies de consommation. Certes, des solutions médicales d’aide au sevrage existent, mais notre enquête montre que les fumeurs n’en tiennent pas assez compte, malgré leur réelle envie d’arrêter.
Sept fumeurs sur 10 ont déjà essayé d’arrêter !
Dans le cadre de l’émission d’Europe 1 “Rien de grave“ sur le tabac (avec le Pr. Bertrand Dautzenberg, de l’hôpital Pitié Salpêtrière, ré-écoutable en cliquant ici), nous avons mené une étude auprès des Internautes ayant répondu à l’enquête fin janvier 2010. Au total, 2 962 répondants ont participé à notre enquête, en majorité des femmes (66 %), dont 55 % âgées de 20 à 40 ans.
Parmi eux, 661 (22 %) des internautes déclarent “n’avoir jamais fumé“, et plus de 2 300 sont des anciens ou actuels fumeurs : 959 (32 %) ont réussi à arrêter (9 % depuis moins d’un an, 9 % entre 1 et 5 ans, 14 % depuis plus de 5 ans), tandis que 1 342 (38 %) se disent fumeurs réguliers, dont 7,5 % affirment ne fumer qu’occasionnellement (soirées, fêtes, etc.).
Parmi ces 1 342 fumeurs actifs, 935 (soit 70 %) ont déjà essayé d’arrêter de fumer, pour le moment sans succès. Ce chiffre élevé est significatif de la forte dépendance engendrée par le tabagisme actif et des difficultés éprouvées pour en sortir, même si heureusement, de plus en plus de personnes arrivent à éviter cette addiction (dans les années 60, près d’un homme sur deux fumait, moins d’un sur trois aujourd’hui).
La santé et le prix du tabac, principaux motifs d’arrêt
Ceux qui ont réussi à arrêter de fumer ont été avant tout guidés par la peur d’une maladie grave sur le long terme, motif choisi par près d’un répondant sur deux (45 %). Leur état de santé actuel (toux, bronchite, essoufflement, etc.) les a également motivés (39 %), ainsi que la santé de leurs proches (32 %).
La peur pour sa santé semble donc la meilleure des conseillères. Un argument supplémentaire en faveur de l’intensification de la sensibilisation aux dangers du tabac, par exemple par la mise en place, prévue mais sans cesse repoussée, de photos chocs sur les paquets de cigarettes. Cette initiative est pourtant déjà mise en oeuvre dans de nombreux pays, avec un impact démontré sur les consommateurs.
Parmi les autres facteurs motivant l’arrêt, le “prix de plus en plus élevé du tabac“ est invoqué par 28 % des internautes. Ce résultat est un encouragement à poursuivre une politique de prix dissuasive en majorant les taxes sur les cigarettes et le tabac à rouler, de plus en prisé aujourd’hui car moins cher.
L’interdiction de fumer dans les lieux publics peu dissuasive
Loin derrière les menaces sur la santé et le prix des cigarettes, “les conseils du médecin traitant“ (8 %) et “l’air du temps qui n’est plus aux fumeurs“ (8 %) font partie des facteurs d’arrêt moins important. Quant à l’interdiction de fumer dans les lieux publics et au travail, seuls 3 % des internautes ayant réussi à arrêter de fumer l’évoquent.
De plus, comme l’a rappelé le Pr. Dautzenberg, “78 % des entreprises sont vraiment non fumeuses et les terrasses de café ont tendance à se refermer“, rendant moins stricte l’application des interdictions et donc diminuant l’incitation au sevrage.
Une prise de poids dans deux tiers des cas
Deux tiers des personnes qui ont réussi à arrêter de fumer ont pris du poids, ce qui est la principale hantise de l’amateur de cigarettes qui souhaite stopper son addiction : plus d’un tiers (36 %) ont seulement pris de 1 à 5 kg, mais 19 % ont grossi de 5 à 10 kg, et même 12 % plus de 10 kilos (8 % chez les femmes). Ces chiffres sont à peu près identiques, que l’arrêt du tabac soit récent ou supérieur à 5 ans. Or, comme l’a rappelé le Pr. Dautzenberg, “l’obsession du poids est un frein considérable à l’arrêt du tabac, notamment pour la femme française“.
Pourtant il est possible de limiter cette prise de poids. C’est d’ailleurs ce qu’ont réussi à faire 31 % des répondants qui ne fument plus (pas de prise de poids déclarée dans notre enquête). Outre une nécessaire vigilance sur les envies de grignotage de produits gras ou sucrés en lieu et place de la pause cigarette, la consultation d’un nutritionniste peut être utile. Cette aide est particulièrement utile si vous ne souhaitez dès le départ ne prendre aucun kilo : un travail sur le comportement alimentaire, un soutien régulier peuvent alors vous aider à passer le cap sans grossir, ce qui optimise les chances de succès du sevrage tabagique lui-même.
Tabac Info service propose par exemple des entretiens de 30 minutes avec un nutritionniste, avec des rappels réguliers et un accompagnement gratuit.
L’aide médicale peu utilisée pour arrêter
Sept Internautes ayant répondu à l’enquête sur 10 qui ont réussi à se passer de leurs cigarettes quotidiennes déclarent y être parvenus “tout(e) seul(e), en comptant uniquement sur [leur] volonté“. 16 % mettent également en avant l’importance du soutien de leur entourage.
Seul un internaute sur 5 (20 %) a utilisé des substituts nicotiniques, et 7 % d’autres médicaments. L’accompagnement médical du sevrage tabagique n’a été utilisé que par 11 % environ des répondants : 7 % disent avoir essayé d’arrêter avec l’aide de leur médecin généraliste et 4 % avec un tabacologue. Le recours aux méthodes alternatives est également faible : 4 % ont consulté un acupuncteur, 3 % ont utilisé l’homéopathie et 1 % l’hypnose. D’ailleurs, l’ensemble des internautes, fumeurs et non fumeurs, estiment très largement qu’il est possible de s’arrêter sans l’aide de son médecin (79 %), sans utiliser de substituts nicotiniques (79 %) ou sans médicaments (hors substituts nicotiniques – 85 %).
Pourtant, l’aide médicale peut s’avérer précieuse, ne serait-ce que pour amorcer le sevrage sur de bonnes bases et passer un cap. Les entretiens avec un médecin (tabacologue ou non) ou un psychologue peuvent aider à identifier correctement les situations à risques (exemple : une soirée, un événement très heureux ou très triste, etc.) et surtout apprendre à y faire face, s’y préparer mentalement. Quant aux médicaments, même s’il n’en n’existe pas de miraculeux, ils peuvent permettre également de mieux passer le cap du sevrage, en particulier en cas de dépendance avérée).
En conclusion, si les Internautes ayant répondu à l’enquête comptent avant tout sur leur volonté pour essayer d’arrêter de fumer, 70 % des fumeurs actifs ont essayé sans succès de s’arrêter. Même si la volonté est indispensable, le taux d’échecs élevé ainsi que le nombre important de rechutes devrait donc inciter à davantage demander de l’aide aux professionnels de santé… ne serait-ce que pour éviter de trop grossir lorsque l’habitude de la cigarette part enfin en fumée !
Dr Jean-Philippe Rivière
Sources :
“Vous et le tabac“, Doctissimo.fr, enquête réalisée du 29 janvier au 10 février 2010 auprès de 2962 internautes
“Rien de grave“, avec le Pr. Dautzenberg, Europe 1, 13 février 2010
“Le tabac en quelques chiffres“, Inpes, 2007Click Here: cheap INTERNATIONAL jersey

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