Fibrillation auriculaire : un trouble fréquent du rythme cardiaque
La fibrillation auriculaire est un trouble du rythme cardiaque qui touche environ 750 000 Français. En une décennie, les connaissances sur cette maladie ont évolué de façon majeure. Ces progrès ont donné naissance à une nouvelle vision de ce trouble du rythme et à de nouvelles approches thérapeutiques.
On sait aujourd’hui que la fibrillation auriculaire (FA) constitue l’un des troubles majeurs de la cardiologie. Un nouveau concept conduit à considérer la FA non plus comme une maladie isolée mais comme un marqueur de risque cardiovasculaire. De grands progrès thérapeutiques ont eu déjà eu lieu et d’autres sont attendus.
La fibrillation auriculaire en chiffres
La Fibrillation Auriculaire est un trouble du rythme cardiaque qui consiste en une activation anarchique des oreillettes. Cela entraîne une absence quasi-complète des contractions auriculaires et, en corollaire, une contraction irrégulière des ventricules (le cur est composé de 4 cavités, 2 oreillettes et 2 ventricules. Les oreillettes reçoivent le sang provenant des veines et les ventricules éjectent le sang par les artères). Les patients qui souffrent de cette affection, souvent appelée arythmie, viennent en général consulter pour des symptômes comme des palpitations ou des essoufflements. Un électrocardiogramme (ECG) et parfois un enregistrement ECG de 24 h, permettent de diagnostiquer ce trouble.
Il y a quelques années, on mesurait mal l’ampleur des problèmes posés par la FA. On sait maintenant qu’elle constitue le plus fréquent de tous les troubles du rythme cardiaque. La FA touche actuellement en France environ 750 000 personnes. La prévalence augmente au fil des années, avec une croissance progressive à partir de la quarantaine, puis une accélération à partir de 60 ans. L’âge moyen des patients se situe autour de 70 ans.
Le vieillissement de la population et l’augmentation de la prévalence avec l’âge laissent présager une croissance rapide du nombre de patients dans les années qui viennent. On estime que près de 2 millions de Français seront touchés en 2050.
Une nouvelle vision de la FA
Un concept très important a récemment conduit à considérer la Fibrillation Auriculaire non plus comme une maladie isolée mais comme un marqueur de risque cardiovasculaire. La FA survient en effet, dans la plupart des cas, dans le cadre d’une maladie cardiovasculaire sous-jacente : insuffisance cardiaque, diabète, hypertension artérielle (HTA), maladie coronaire… Les patients qui souffrent de ce trouble du rythme sont des sujets à haut risque cardiovasculaire, dont la mortalité est augmentée par rapport à des sujets de la même tranche d’âge. De manière générale, toutes les maladies cardiovasculaires peuvent se compliquer d’une Fibrillation Auriculaire.
Cependant, les études récentes mettent en exergue le rôle de l’hypertension artérielle. Chez les patients atteints de ce trouble du rythme, on note près de 75 % de sujets hypertendus. La Fibrillation Auriculaire est aussi à l’origine de risques thromboemboliques majeurs, qui résultent de la formation de caillots sous l’effet de la dilatation auriculaire et de la stagnation sanguine. Le risque le plus important ? L’embolie au niveau d’une artère cérébrale, responsable d’accidents vasculaires cérébraux (AVC). 15 % des AVC sont ainsi dus à une Fibrillation Auriculaire, évidente ou passée inaperçue. La FA peut également être responsable d’insuffisance cardiaque.
Ce concept nouveau incite à réaliser un bilan cardiovasculaire rigoureux lorsqu’une FA est découverte. Il impose également une prise en charge globale, incluant non seulement le traitement du trouble du rythme, mais aussi celui de toutes les affections cardiovasculaires, afin de ramener le risque à la normale.
Fibrillation auriculaire : de grands progrès thérapeutiques
Les patients ont un risque accru de mortalité en l’absence de traitement. Ce risque peut être corrigé par une prise en charge adéquate. Le traitement vise à éviter ou diminuer le nombre de crises et à prévenir la survenue d’un AVC. La stratégie est le plus souvent complexe. Lorsqu’il s’agit d’un premier épisode, le médecin peut prendre le temps de la réflexion. Toutefois, un traitement est prescrit dès que la FA est moins bien supportée.
On dispose actuellement de traitements efficaces, issus de deux familles thérapeutiques : les anti-arythmiques pour maintenir le rythme sinusal et les anticoagulants pour s’opposer à la formation de caillots.
Le traitement de la Fibrillation Auriculaire a également beaucoup progressé ces dernières années grâce à l’utilisation de techniques d’ablation. Cette approche thérapeutique -qui consiste à supprimer le foyer à l’origine de la constitution de l’arythmie en montant une sonde au niveau du coeur par les vaisseaux – a pour objectif d’éviter la survenue du trouble du rythme. Les techniques d’ablation ont fait l’objet d’une succession de perfectionnement pour devenir une technique très spectaculaire.
Fibrillation auriculaire : les médicaments de demain
A ce jour, on attend d’importants progrès dans l’approche médicamenteuse. Un médicament anti-arythmique est en attente. Alors qu’aucun médicament n’avait été mis au point dans cette indication depuis 20 ans, une nouvelle molécule est annoncée et doit être commercialisée en 2009 : la dronédarone. Ce médicament qui préserve les patients des crises et améliore les symptômes présente l’intérêt de ne pas contenir d’iode, ce qui permet d’éviter les problèmes d’allergie et les problèmes de modification de la physiologie thyroïdienne.
Cinq molécules anticoagulantes sont en développement. Ces médicaments ne sont pas des antivitamines K, dont le maniement se révèle toujours difficile pour les patients. Ils sont conçus pour avoir la même efficacité anticoagulante, sans imposer les mêmes difficultés de surveillance. Le premier d’entre eux devrait arriver fin 2009.
Anne-Sophie Glover-BondeauSource : Dossier de presse, XIXèmes Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie, janvier 2009