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Deauville 2017 : “les films surréalistes et oniriques se font rares au cinéma” selon Darren Aronofsky

Le cinéaste Darren Aronofsky était présent au 43ème festival du film américain de Deauville, et il a accepté de parler de sa carrière riche de 7 longs métrages, dont le prochain, “Mother” sort le 13 septembre dans les salles.

Le cinéaste Darren Aronofsky était présent sur scène à Deauville à l’occasion de l’hommage qui lui est rendu. Le réalisateur a ainsi déclaré :

“Je me souviens très bien être venu ici avec Pi, il y a 20 ans. A l’époque, il n’y avait pas tant d’appareils photos et de caméras, et c’est une très bonne chose qu’il ne reste aucune image de cette époque (rires) ! (…) Je ne me souviens que du bar et du casino, j’avais 28 ans ou quelque chose comme ça” !

Plus sérieusement, le réalisateur de Requiem for a dream a ajouté : “Par contre, je me souviens très bien de la projection dans cette salle de “The Fountain”. Le film n’avait pas été compris à Venise, et la réception et l’amour que j’ai reçu de partout en France, je crois que je la dois à cette projection à Deauville”.

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La soirée s’est poursuivie avec la projection de son nouveau film, Mother, à propos duquel il s’est entretenu avec AlloCiné :

 

AlloCiné : Votre film pose beaucoup de questions d’interprétation. Certains parlent de références à la Bible, qu’en pensez-vous ?

Darren Aronofsky : Pour moi, le film est un mystère, et je veux que les spectateurs ressentent ce mystère. (…) Les films surréalistes et oniriques se font rares au cinéma aujourd’hui. Beaucoup sont réalistes ou carrément fantastiques. Je voulais quelque chose qui soit davantage une feuille dans le vent, quelque chose qui ne soit ni entier, ni spécifique. J’ai écrit la première version du scénario en cinq jours, comme pris par une fièvre. Elle avait une certaine structure que nous avons essayé de réécrire pour l’améliorer et la rendre plus traditionnelle. Sauf que dès que l’on démontait cette version, l’ensemble s’effondrait. (…)

J’y ai vu une référence aux réseaux sociaux qui peuvent réduire à néant la vie privée, voire une vie entière. Est-ce que je fais fausse route ou est-ce qu’au moins cela vous a traversé l’esprit ?

C’est marrant car la partie sur la célébrité et les réseaux sociaux n’était pas consciente. Je pense que les présences de célébrités comme Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Michelle Pfeiffer et Ed Harris poussent à y penser. Mais pour moi, ce n’était pas ce que je voulais vraiment souligner. Je voulais raconter l’histoire de Mère comme la vie. Pas ma mère ou la vôtre, mais la mère que nous partageons tous : l’histoire du monde selon son point de vue. Via une allégorie.

Dans chacun de vos films vous avez un mouvement de caméra spécifique. Cela fait-il partie de votre processus créatif ? Dans “Mother”, c’est la façon de tourner autour de Jennifer Lawrence, par exemple.

Je travaille depuis The Wrestler et Black Swan à danser avec mes acteurs en faisant tourner la caméra. Je voulais reprendre ce style pour faire un film entièrement subjectif, centré sur le point de vue du personnage de Jennifer Lawrence. A partir de là, les mouvements de caméra et l’environnement sonore se sont coordonnés pour orchestrer tout autour de ses yeux et de ses oreilles.

Vous aviez annoncé travailler avec le compositeur islandais Jóhann Jóhannsson, mais la musique est finalement absente du film. Que s’est-il passé ?

La musique améliore l’émotion d’une scène ou oriente très finement cette émotion, mais en salle de montage le film commençait à prendre parce que le spectateur ne sait pas toujours ce qu’il est censé ressentir. Il doit se reposer sur le personnage de Jennifer Lawrence pour ressentir où elle met son énergie et ce qu’elle pense. Jóhann a donc pensé que le film n’avait pas besoin de musique, mais je n’avais jamais fait cela auparavant. J’étais nerveux, mais je me suis reposé sur l’environnement musical. Je m’y intéresse depuis mes premiers films. Craig Henighan [l’ingénieur du son] a donné vie à cette étrange maison (…).

D’ailleurs, d’où avez-vous sorti cette maison incroyable ?

Je me suis toujours imaginé cette maison dans les champs. Nous avons fait des repérages en Europe, mais en vain. En revanche, nous avons trouvé une maison victorienne au nord de New York, entièrement restaurée. Ce que j’aimais, c’est que si je faisais un plan à travers une porte, au fond ce n’était pas un mur. Puis nous avons rajouté des entrées et des sorties dans les pièces, afin que tout soit connecté. Je n’étais pas sûr que les spectateurs se repèrent car nous filmons beaucoup sur l’épaule du personnage de Jennifer ou son visage. Mais on espère qu’ils peuvent s’y repérer comme dans un personnage.

“Mother” est un film à plus petite échelle et plus petit budget que “Noé”. Était-ce votre intention dès le départ et cela va-t-il devenir une direction pour vos films futurs ?

C’est une bonne question. Je n’y ai pas encore pensé. Je crois que cela dépendra de l’histoire, qui déterminera l’échelle dont nous aurons besoin.

 

Darren Aronofsky sort le 13 septembre prochain “Mother” avec Jennifer Lawrence :

Mother! Bande-annonce VO

 

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