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A la recherche du bonheur

Pourquoi certains semblent faits pour être heureux, alors que d’autres enchaînent les malheurs ? Peut-on assurer à ses enfants une vie radieuse ? Pour le savoir, nous avons interrogé le Dr Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et auteur de “De chair et d’âme“ paru aux éditions Odile Jacob. Il nous explique les recettes du bonheur.

Existe-t-il une définition du bonheur ?Dr Cyrulnik : Le bonheur est un concept totalementhétérogène. Il est souvent confondu avec lebien être, la réussite ou l’ascension sociale. Ce motdésigne ainsi des évènements de naturetotalement différente. Chacun a sa propre conception dubonheur et ses sources de malheur. Et cela évolue avecl’âge. Mais pour être heureux, il faut que plusieursconditions soit réunies, tant au niveau physiologiquequ’environnementales, notamment dans les premiers mois de vie. Nousne sommes pas dans une approche cartésienne avec une causequi aura un effet. Plusieurs éléments sont essentielsau bonheur, et si l’un d’entre eux fait défaut, touts’effondre.Qu’entendez-vous par aspect physiologique ? Certaines personnessont-elles faites pour être heureuses ?Dr Cyrulnik : On sait qu’il y a des gens dont le cerveau estcapable de transporter une grande quantité desérotonine. Ce neuromédiateur est à l’originedes sentiments de plaisir et de bien-être. Ils vontêtre stimulés cérébralement, pluséveillés. Ils auront en quelque sorte le “bonheurfacile“. Mais cela ne suffit pas pour être heureux ! Il fautune sécurité et une stimulation affective et sociale.Si l’on met ces gens-là dans une situation d’isolementaffectif, de privation sensorielle, on aura une baisse de lasécrétion de sérotonine. Un gène nepeut pas s’exprimer s’il n’y a pas un environnement favorable.Vous citez comme période clé les premiers mois devie. Pouvez-vous nous en dire plus ?Dr Cyrulnik : Les dernières semaines de grossesse etles premiers mois de la vie sont essentiels. Les enfants doiventêtre très entourés pendant les premiers mois.Deux enfants sur trois vont bénéficier de cetenvironnement “secure“. Ils vont pouvoir prendre du plaisirà explorer le monde et apprendre, car ils sontrassurés par des relations “routinières, stables etrythmées“. Même un “petit transporteur“ desérotonine qui va bien être entouré dans lesmois qui suivent sa naissance sera plus facilement heureux. Al’inverse, même un “gros transporteur“ de sérotonine,s’il ne reçoit pas l’attention adéquate aprèssa naissance, sera plus facilement malheureux.Chômage, insécurité, guerre, on al’impression d’être entouré de mauvaises nouvelles.Quelle influence peuvent avoir ces informations sur ce sentiment debonheur ?Dr Cyrulnik : Le bonheur est un sentiment qui évolueet prend forme à partir d’une représentation. Quandvous allez au cinéma, même si vous savez que ce quipasse à l’écran n’est pas vrai, vous allez pleurer,rire, avoir peur… C’est la même chose quand on estbaigné de représentations qui racontent en permanencedes malheurs. Les récits sont tellement affreux qu’ils vontdéterminer nos sentiments même s’ils ne correspondentpas exactement à la réalité.Pensez-vous que “Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort“,comme le disait Nietzsche ?Dr Cyrulnik : C’est faux ! Quand on subit un traumatisme, ondevient plus sensible aux traumatismes ultérieurs. Les gensblessés deviennent de plus en plus faciles à blesser.Regardez la dépression. Les rechutes interviennentgénéralement pour des causes de plus en pluslégères. Plus on maltraite les gens, plus on les rendmalheureux !La France présente l’une des plus fortes consommationsd’antidépresseurs. Est-on plus malheureux dans l’Hexagone?Dr Cyrulnik : D’abord, il faut rétablir unecontre-verité : ce n’est pas la France qui consomme le plusd’antidépresseurs mais l’Iran ! Et si la France consommebeaucoup plus que d’autres pays européens, c’est aussi parceque souvent l’anxiété et la dépression ne sontpas soignées là-bas !Mais il est vrai que les antidépresseurs sont un palliatifà notre défaillance culturelle. Car le traitementlogique serait de favoriser la sécrétion naturelle desérotonine et d’organiser dans notre sociétéla famille et les institutions pour mieux entourer les enfants,avoir une école moins oppressante… Et chez les adultes ilserait important de favoriser les groupes et les relations socialesqui protègent. Mais on a tendance àprivilégier l’aventure individuelle. Or pour être dansun groupe, il faut savoir renoncer à une partie de sonépanouissement personnel.Propos recueillis par Alain SousaClick Here: camiseta rosario central

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